Serko

Serko

A la fin du XIXéme siècle, aux confins de l'Empire russe, le cosaque Dimitri Nicolaïevitch Pechkov s'ennuie un peu. Sa principale distraction consiste à faire de longues balades sur son petit cheval. Pas très beau, le chanfrein busqué, l'encolure courte et épaisse, les ganaches lourdes, mais bon porteur et incroyablement endurant, ce cheval a été acheté en 1885, pour un prix très raisonnable (150roubles), par Pechkov, qui l'a baptisé Serko, un diminutif du mot "siery" (gris), que l'on pourrait traduire par grisou, grisonné.

Un jour de novembre 1889- le 7, très précisément- Pechkov quitte sa garnison sibérienne avec la ferme intention de gagner Saint-Pétersbourg, située à 9000km de là, sans changer de monture. Paru stupide?

Non, car la promesse sera tenue et la performance se doublera d'un exploit. En effet, le couple Pechkov/Serko atteindra la capitale de l'Empire le 19 mai 1890, en moins de deux cents jours.
Ce raid équestre est peut-être le plus extraordinaire de tous les temps.
Soyons précis : 8283 verstes (soit 8838km) en 193jours de voyage, dont 154 seulement de marche (Pechkov, malade, a dû s'arrêter deux semaines à Irkoustk), cela signifie près de 60km par jour, tous les jours, pendant six mois d'affilée.

Arrivée à Saint Pétersbourg, Pechkov offrit son cheval au tsarévitch, le futur Nicolas II. Serko vécut une retraite paisible jusqu'à sa mort, vingt-quatre ans après son exploit, le 19 avril 1914, à l'âge canonique de trente-sept ans!

Lors de fouillesrécentes dans la célèbre nécropole équine de Tsarkoye Selo, des fragments de sa pierre tombales ont été retrouvés.

Cette historie (vraie) a inspiré un roman à Jean-Louis Gouraud, ("Serko", paru en 1996 et réedité aux éditions du Rocher), dont Joël Farges a tiré un film intitulé aussi "Serko", sorti dans les salles le 29 mars 2006.

Photo: google du film "serko"
Texte: Cheval magazine